C'est officiellement le "talk of the town" depuis le début de la semaine.
D'abord Bertrand Raymond sur RDS, puis François et Gagnon et Richard Labbé dans La Presse.
Le CH est dominant, mais tout le monde s'en prend à Gomez (et aussi à Spacek, c'est vrai, mais de façon moins violente!).
Mais Mathias Brunet rappelle une fois de plus ses collègues à l'ordre sur son
blog d'aujourd'hui et prône plutôt la patience.
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Le dossier Gomez est particulier, et il faut éviter de tout mélanger quand on veut évaluer sa performance. Il faut notamment, pour éviter de tomber dans le spectaculaire et l'analyse choc facile, laisser de côté la question salariale. Oui, oin le sait, Gomez possède l'un des plus mauvais contrats de la LNH. Mais ça, ça joue dans l'entre-saison au moment où il faut resigner les autres joueurs, mais ça ne doit pas entrer dans l'analyse du rendement du joueur. On sait tous que Gomez n'a jamais joué, ne joue pas, et ne jouera jamais à la hauteur de son contrat. Maintenant, que c'est dit, poursuivons.
Le deuxième élément qui ne doit pas entrer dans l'analyse du rendement de Gomez, c'est la transaction qui l'a amené à Montréal. Oui Montréal a beaucoup trop donné pour un joueur qui était considéré à valeur négative en raison de son contrat. On sait également maintenant que les signatures subséquentes (celles de Cammalleri, Gionta et Gill) auraient sans doute eu lieu même sans la présence de Gomez.
Maintenant, débarassé des questions liées à son salaire et à sa valeur d'échange (ce sont des questions de management, et non de hockey), il est possible d'analyser l'apport du joueur à l'organisation plutôt que de le condamner d'avance pour des motifs qui lui échappent complètement.
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Personne ne sera surpris si je dis que Gomez n'est pas un bon marqueur. Son lancer est faible et Gomez ne représente absoluement pas une menace près du gardien adverse (il ne s'y aventure d'ailleurs presque jamais).
Certains seront peut-être plus surpris d'apprendre que je ne considère pas Gomez comme étant un bon fabricant de jeu. Un fabricant de jeu doit non seulement posséder une bonne vision du jeu et être capable d'effectuer rapidement des passes précises, il doit en plus être capable de conserver la rondelle en zone adverse et de se déplacer habilement dans des espaces restreints afin que ses coéquipiers puissent se démarquer. Le rôle d'un bon passeur dans la LNH gagner du temps et de créer de l'espace. C'est ce que font les Thornton, les Spezza, les Sedin, les Datsyuk, les Ribeiro, etc, mais aussi ce que faisait bien notamment Koivu. Ils ont non seulement un sens de l'anticipation unique, mais aussi une capacité à gagner du temps et à créer de l'espace. Ça, Gomez ne l'a pas. Il est mauvais en espace restreint et ne peut pas conserver la rondelle le temps que ses ailiers se libèrent.
Gomez n'est ni un marqueur, ni un fabricant de jeu, ni (nul besoin d'argumenter) un attaquant de puissance.
Que reste-t-il à Gomez? Un talent fou pour contrôler la rondelle et le jeu depuis sa ligne de but jusqu'à la ligne bleue adverse, c'est-à-dire tout l'espace non-offensif de la surface glacée. Peu de joueurs arrivent à pénétrer les structures défensives aussi facilement que Gomez. Il est comme un fluide qui se faufile entre les pierres d'un barrage qu'on croyait étanche. Le Néo de la matrice de la trappe. Sa limite toutefois, c'est qu'il n'y a personne actuellement pour relayer son effort une fois la zone adverse pénétrée.
Gomez est un talent unique, qui a besoin d'être bien soutenu pour se traduire en production offensive. Le duo Gomez-Gionta a besoin d'un Elias, c'est-à-dire un joueur avec la capacité de ralentir le jeu en zone adverse, pour permettre notamment à Gionta de se démarquer dans l'enclave comme il sait si bien le faire.
Et ça, ni Moen, ni Pyatt, ni Boyd ne peuvent y faire quoi que ce soit. Gomez et Gionta n'ont pas besoin de davantage de vitesse, ni d'intensité. Personne n'a présentement à Montréal la capacité ou la maturité pour remplir ce rôle.
Mais je suis convaincu que si on arrive à dénicher un tel joueur, on appréciera beaucoup mieux Gomez.
Contraiement à Mathias Brunet, je ne crois pas que Scott Gomez ait temporairement perdu ses moyens, je ne crois pas simplement une question de temps. Je crois que Gomez et Gionta ont véritablement besoin de l'aide de Pierre Gauthier. À moins que Pouliot ne retrouve confiance en ses moyens rapidement.